Bonjour, pourriez-vous nous raconter comment est née l'idée de créer Cycles La Barquette et ce qui vous a poussé à vous lancer dans la fabrication de vélos cargo ?
En sortant d'école d'ingénieurs, Thomas et moi avons entamé des carrières "classiques", en commençant à travailler en bureau d'études et cabinet de conseil.
L'histoire a commencé lorsque Thomas est venu me proposer un projet de bricolage : transformer un cadre de VTT en cadre de vélo cargo. Quelques week-ends de travail en extérieur et en plein hiver plus tard, notre tout premier vélo cargo était né. On a adoré cette expérience, et ne nous sentant pas à nos places dans nos environnements professionnels, nous nous sommes posés la question d'en faire notre métier. C'était le début de l'aventure, qui s'est poursuivi par des études de marché, du prototypage, un déménagement de Paris à Grenoble, des recherches de financements, de locaux...Et nous voilà aujourd'hui !
En tant que co-fondateur et artisan de la mobilité durable, comment intégrez-vous la durabilité dans chaque étape de la conception et fabrication de vos vélos cargo ?
Nous avons intégré la durabilité comme exigence dès la conception de notre bi-porteur. Son cadre en acier peut durer des décennies, à l'image des bon vieux vélos Peugeot ou Libéria que l'on croise encore partout. Ses équipements sont connus et reconnus, donc entretenables et réparables pas toutes et tous. Nos vélos durent dans le temps et restent performants.
Sur un plan d'économies de ressources, le choix de l'acier nous parait être le bon (plusieurs fois moins d'eqCO2 que de l'aluminium). Nous essayons un maximum de choisir des composants locaux, en intégrant toutefois une contrainte de prix essentielle à nos yeux : nous ne souhaitons pas produire des vélos cargos trop chers. Tout est finalement question de compromis.
Quels sont, selon vous, les principaux défis à relever pour rendre les vélos cargo une alternative viable aux moyens de transport traditionnels ?
La question des aménagements cyclables pour se déplacer dans les villes est évidement cruciale, et je trouve que des choses changent : on voit de plus en plus de pistes cyclables en ville. Un autre défi est le changement des habitudes des utilisateurs : que ce soit des particuliers ou des professionnels, il faut adapter certaines habitudes lorsqu'on se déplace essentiellement en vélo, et cela nécessite souvent un investissement personnel.
Un des plus gros défis reste, à mes yeux, la question du parking et du stockage des vélos cargos. Trouver un endroit sécurisé et suffisamment grand pour stocker ce genre de vélo n'est pas toujours facile, mais des solutions commencent à apparaitre pour faire un peu plus de place à des vélos utilitaires (aménagement dans des parkings, arceaux publics adaptés...)
Comment Cycles La Barquette s'adapte-t-elle aux besoins évolutifs des citadins modernes tout en gardant un ancrage local, étant donné que vos vélos sont 'Made In Grenoble' ?
Je trouve que le vélo cargo en lui-même répond déjà beaucoup à ces évolutions de besoins. C'est plus rapide qu'une voiture en ville, meilleur pour la santé, moins cher à l'usage et à l'entretien (carburant, assurance, réparations...), sans compter le style quand on dépose ses enfants à l'école.
Nous restons néanmoins vigilants à l'évolution des besoins et des envies de nos consommateurs, en nous intéressant aux types de vélos les plus demandés, et aux modes de consommation. La location longue durée semble par exemple être une solution de plus en plus appréciée, à laquelle nous réfléchissons.
Pouvez-vous discuter de l'importance de l'innovation dans votre processus de conception et comment vous parvenez à conjuguer tradition artisanale et nouvelles technologies ?
Nous avons plus l’impression de proposer de l’innovation par l’intention qu’on met dans nos vélos, que de par la technologie. Nous préférons répondre aux besoins évoluant des utilisateurs plutôt que de faire une « course à l’armement ». Pour nous, le vélo cargo doit rester un vélo simple à utiliser et à réparer. On pense que l’innovation doit être au service des gens et répondre à leurs besoins, pas d’en créer de nouveaux.
Quel impact espérez-vous que Cycles La Barquette ait sur la mobilité urbaine et la réduction de l'empreinte carbone dans des villes comme Grenoble ?
Sans avoir la prétention de vouloir changer fondamentalement les choses, on est fiers au moins de proposer une alternative locale à la voiture et qui soit à un prix raisonnable. Chaque vélo vendu, c'est une voiture qui roule moins ou qui ne roule plus, et c'est une victoire pour nos empreintes carbone !
Quels conseils donneriez-vous à d'autres entrepreneurs souhaitant se lancer dans le secteur des transports écologiques ?
L’entreprenariat est une chose dure mais tellement enrichissante, on apprend plein de choses tous les jours. Le secteur des mobilités douces est en plein essor et en pleine transformation. Il y a encore tellement de choses à faire et à créer pour que l’on tende vers un monde plus durable. Alors foncez !
Pour plus d'informations : https://cycleslabarquette.com/