Bonjour Benjamin, en tant que business developer dans la fabrication de vélos cargo écologiques, pouvez-vous nous décrire comment vous en êtes venu à vous engager dans ce projet avec vos co-entrepreneurs ?
C'est très simple, passionné depuis ma plus tendre enfance par le vélo et résidant tout proche de Bourg en Bresse depuis quelques années, rejoindre Radior c'était l'occasion de mêler ma passion du deux roues avec un projet inspirant, celui de la renaissance d'une marque fondée en 1904 en plein cœur du département de l'Ain. Mon expérience de plusieurs années m'a permis de concrétiser ces aspirations et de rejoindre l'aventure Radior qui débutait.
Quelles sont les principales innovations technologiques que vous et votre équipe intégrez dans la conception des vélos cargo écologiques pour garantir leur performance et leur durabilité ?
En réalité, nous sommes revenus à des choses simples en matière de fabrication, pour garantir la durabilité de nos vélos. En effet, nous avons choisi de fabriquer nos cadres en acier, dans sa nuance 25CD4s (aussi appelé acier chromoly). Il s'agit de l'acier utilisé depuis des dizaines d'années dans la fabrication de vélos, qu'on a vu disparaitre avec l'arrivée des cadres en aluminium. Pourtant l'acier confère au vélo un confort d'usage, une filtration des vibrations grâce à son caractère résilient. Il est moins cassant, moins rigide que l'aluminium et ne s'altère pas dans le temps, ce qui nous permet de garantir nos cadres durant toute la vie du vélo. L'acier est également 8x moins émetteur de CO2, 14x moins consommateur d'eau.
Enfin, et contrairement à ce qu'on pense, choisir l'aluminium n'aurait pas allégé significativement nos vélos.
Côté performance, nos vélos sont équipés du moteur Valeo Cyclee à boite de vitesses automatique, fabriqué en France, conférant un couple record de 130Nm et un fonctionnement des plus simples: il n'y a qu'à pédaler et freiner, et aucun risque de dérailler.
Comment assurez-vous que le processus de fabrication de vos vélos à assistance électrique respecte les normes écologiques, en particulier dans le cadre de la certification Origine France ?
C'est finalement assez simple puisque nos cadres sont fabriqués en interne au sein des six entreprises qui se sont associés. Depuis la conception jusqu'à l'assemblage tout a lieu dans le département de l'Ain. Nous tissons des relations fortes à toutes les étapes de la fabrication avec les associés, leurs salariés et les partenaires externes nous ayant rejoint dans les process de production. Nous organisons régulièrement des réunions au sein des différentes structures pour que chacun se sente intégré aux process. Cette proximité géographique est un véritable avantage pour faire émerger rapidement les idées et les mettre en action. Un dynamisme qui n'est pas toujours permis lorsqu'on fait fabriquer à l'autre bout de la planète.
Pour prétendre à la certification Origine France Garantie, il est nécessaire que les vélos disposent a minima d'un cadre et d'un moteur fabriqués en France, et qu'au moins 51% de la valeur du vélo soit issu d'une industrialisation sur le territoire. Pour nos cargos nous sommes en réalité à plus de 90% ! Notre cargo est d'ailleurs le seul cargo à disposer de la certification Origine France Garantie à ce jour, c'est une fierté de contribuer à la réindustrialisation du vélo dans l'Hexagone quand la dynamique est plutôt à expédier sa production vers l'étranger.
Pouvez-vous partager une expérience personnelle où vous avez observé l'impact positif des vélos cargo écologiques dans une communauté ou un marché spécifique ?
Des exemples, j'en aurai plusieurs. Le plus marquant personnellement reste le fait d'avoir "converti" des parents à l'usage du cargo, en milieu rural. En effet notre Simurgh est proposé dans un format familiale comprenant la barquette, les deux harnais 3 points et la protection pluie. Je dépose et je récupère ma fille à la crèche avec un de nos vélos cargo. Cela interroge les enfants, qu'est ce que ce gros vélo ? mais aussi les parents. De fil en aiguille, j'ai prêté un puis deux cargos aux parents qui souhaitaient pouvoir tester l'adéquation entre ce nouveau moyen de transport et leur quotidien. En campagne les freins principaux sont la distance parcouru quotidiennement et le manque d'infrastructures. Pourtant lorsque nous prenons conscience qu'avec peu de changements, nous parvenons à laisser notre voiture au garage, les bénéfices sont particulièrement conséquents.
Nous savons que vous travaillez avec une équipe d'entrepreneurs. Comment gérez-vous les défis de la collaboration pour maintenir un équilibre entre innovation, durabilité et production locale ?
Les six chefs d'entreprise qui ont pris part à la renaissance de la marque Radior sont tous passionnés par cette nécessité de production locale.
En relançant Radior, nous souhaitions proposés des vélos les plus locaux possibles. Cela fait partie de notre ADN !
Nous proposons depuis 2024 nos savoir-faire aux marques qui comme nous croient en la nécessité de réindustrialiser le territoire. Cette activité de fabricant en "marque blanche" nous permet de nous challenger sur les choix et procédés employés pour nos vélos et de garantir un engagement des équipes à chaque instant.
Dans une période où le marché du vélo est particulièrement morose, j'ai pour habitude de dire que nous sommes assez peu touchés par cette dynamique. Radior est en croissance à un rythme soutenable, tout en garantissant les capacités de production pour les marques qui nous sollicitent.
Selon vous, quelles sont les perceptions actuelles des consommateurs sur les vélos cargo écologiques, et comment votre stratégie de vente s'adapte-t-elle pour répondre à ces attentes ou les dépasser ?
Je distinguerai deux types de consommateurs; deux marchés. Celui des particuliers d'une part dont la demande a évolué avec l'arrivée massive sur le marché des longtails, midtails pour le transport de personnes, d'enfants en grande majorité. Ces vélos répondent aux besoins primaires d'alternatives à la voiture mais surtout aux transports en commun dans les grandes villes. D'autre part, le marché des professionnels pour lequel les utilisateurs cherchent des solutions d'emport. C'est sur ce segment que nous nous sommes focalisés pour le moment avec le Simurgh. La modularité de notre modèle permet de répondre à une typologie très large d'acteurs. Cela nous demande parfois de développer des solutions sur-mesure.
Les difficultés de circulation et de stationnement dans les grandes agglomérations sont une aubaine pour les fabricants et les distributeurs de vélos cargo. Un quart de nos clients Radior sont des professionnels qui visent à remplacer dans leur parc les véhicules à 4 roues par des vélos cargo sous réserve que ces derniers remplissent les mêmes missions mais ça c'est notre savoir-faire !
En regardant vers l'avenir, quelles sont vos ambitions pour le développement des vélos cargo écologiques, tant au niveau des défis de production que des opportunités de marché à saisir ?
Nous allons continuer nos deux activités principales: fabriquer les vélos Radior et ceux des marques qui souhaitent continuer à fabriquer en France. Concernant la gamme Radior, elle viendra se compléter dans les années à venir et s'établira autour de 5 à 6 modèles tous autant fabriqués en France et certifiés Origine France Garantie et la promesse d'un SAV en France, joignable et fonctionnel. Les défis liés à la production sont aujourd'hui maitrisés, nous avons largement éprouvés nos process (bien que ceux-ci évolueront à l'avenir avec l'augmentation de nos capacités de production).
Les opportunités de marché sont nombreuses pour Radior tant sur les modèles actuels que ceux à venir. L'équipe veille à garantir notre présence sur l'ensemble de ces opportunités et marchés matures actuels et à venir.
Nos vélos vraiment fabriqués en France et l'équipe de passionnés présente au sein de Radior restent nos principaux atouts sur le marché actuel.
Pour plus d'informations : https://www.radior-bike.fr
